Le mot « contamines » signifiait autrefois «terre labourable qui faisait partie de la réserve seigneuriale».
Petit coin paisible au passé pittoresque, cette station haut-savoyarde, blottie entre le mont Blanc (4810 m) et le mont Joly (2525 m) a construit progressivement sa place au creux du Val Montjoie, l'une des sept vallées du Mont-Blanc.
Le Val Montjoie constitue la bordure sud-ouest du massif du Mont-Blanc. On accède par Saint-Gervais-les-Bains à cette petite vallée orientée nord-sud qui abrite le village des Contamines-Montjoie. Les communes limitrophes des Contamines-Montjoie sont Saint-Gervais-les-Bains et Megève en Haute-Savoie, Hauteluce, Beaufort et Bourg-Saint-Maurice en Savoie, puis Courmayeur dans la Vallée d'Aoste en Italie.
Le village des Contamines-Montjoie est à une altitude de 1 164 mètres. Le territoire de la commune est dominé par de nombreux sommets :
Comme de nombreuses communes de montagne, le village des Contamines-Montjoie regroupe de nombreux hameaux. On peut citer notamment :
Le Baptieu, La Berfière, La Chapelle, Le Chef-lieu, La Chovettaz, Le Cugnon, Le Cugnonnet, Le Champelet, La Favière, La Frasse, La Gorge, Les Hoches, Les Loyers, Le Nivorin, Le Molliex, La Revenaz, La Vy, Le Lay, Les Échenaz, Tresse.
Le marché hebdomadaire a lieu le mardi de 9h à 13h au centre du village.
Avec le rattachement de la Savoie à la France en 1860 et suite à la visite de l’Empereur Napoléon III en Haute Savoie, le sentier reliant Saint Gervais au Col du Bonhomme est amélioré entre 1861 et 1866. Mais c’est toujours une expédition difficile que de venir aux Contamines ; il n’y a pas de commerce digne de ce nom, un commissionnaire descend chaque semaine à Sallanches. Le village repose sur une vie autarcique basée sur l’agriculture de subsistance et certaines cultures dites industrielles (chanvre).
Cependant, un élément nouveau va intervenir après 1860 : c’est la période des grandes conquêtes alpines, d’un extraordinaire engouement des classes aisées pour les vacances à la montagne. Cette tendance est encouragée par l’amélioration des communications : le 15 août 1898, la voix ferrée atteint le Fayet. Mais le flot des touristes est canalisé vers Chamonix et Saint Gervais, et les Contamines, sans aucun équipement, ne reçoit que les éclaboussures.
Mais le début du 20ème siècle marque le début effectif du tourisme de séjour : le premier hôtel de la station, l’hôtel de l’Union ouvre ses portes. En 1908, le refuge de Tré-la-Tête est inauguré. C’est l’époque où on découvre le massif de Tré-la-Tête : Whymper, puis W.A.B. Coollidge et d’autres alpinistes britanniques font la conquête des principaux sommets. Mais il n’y a pas pour l’habitant de réels bénéfices : l’alpiniste passe en coup de vent, il vient avec ses guides suisses le plus souvent et laisse peu de devises. Par contre il apporte un ferment d’évolution, une idée de ce monde citadin que le paysan pressentait sans le connaître.
Dès 1900, le ski fait son apparition dans la vallée et dès 1911, le club des sports est créé.
A l’aube de 1914, sans parler encore de station touristique, l’impulsion est donnée de façon irréversible.
En 1922, l’établissement d’un service de cars avec Saint Gervais marque vraiment la fin de l’isolement des Contamines, son ouverture au monde extérieur. Dès lors, le mouvement de modernisation ne va cesser de s’accélérer.
Dès 1927, la station fait campagne pour la saison d’hiver, faisant forcément appel à une clientèle fortunée, comme en témoigne le grand hôtel édifié en 1930 : 45 chambres, eau chaude, chauffage central. Il existait à cette époque un tourisme du dimanche fait de genevois venus skier sur le glacier de Tré-la-tête. En 1930, on a estimé qu’une centaine de personnes avait fréquenté le village l’été et une trentaine l’hiver. Clients aisés, originaires de Lyon, de Paris, de Belgique, de Suisse.
Mais en même temps que cette lente introduction du tourisme, il faut tenir compte de l’évolution de l’agriculture. En 1930, la vie rurale est prospère : le fond de la vallée est comme un damier de culture. On compte 144 exploitations agricoles qui emploient 400 personnes sur les 570 qui occupent la commune. Une coopérative d’achat de matériel et une autre de ramassage de produits laitiers témoignent d’une volonté de rationalisation et d’organisation de la production.
Si entre ces paysans durs au travail et cette clientèle fortunée et oisive, il n’y a pas de contact, certains contaminards ont pressenti le bénéfice qu’ils pouvaient retirer du tourisme sans évidemment abandonner leur genre de vie : dès 1930, on compte 8 chalets et 11 appartements offerts à la location.
Certaines personnes ont constitué un syndicat d’initiative et le résultat de ces actions ne se fait pas attendre. En 1932, une population d’été de 800 personnes occupe toute la place et oblige le voyageur de passage à chercher un refuge de fortune. Dans les belles journée d’été, les Contamines voient défiler 400 personnes en voiture et en car vers Notre Dame de la Gorge et le village lui-même est le but de promenade de villégiateurs de Saint Gervais.
Après la grande dépression du début des années 30, les lois de 1936 sur les congés payés et le développement de l’automobile marquent une véritable révolution dans l’histoire du tourisme.
Ainsi, en 1939, les Contamines accueillent les touristes avec une centaine de chambres réparties dans 4 hôtels et quelques appartements meublés.
Même si le chemin fait en 25 ans est important, on ne peut pas encore parler de station touristique en plein sens du terme, mais plutôt de la superposition d’une activité touristique et d’une communauté foncièrement agricole et encore vivace. Il s’agit encore d’un tourisme contemplatif rapportant sans créer de servitude d’équipement, la fièvre du ski n’a pas encore empoigné les jeunes. Tourisme et agriculture se complètent sans s’exclure.
Mais le déclin de l’agriculture est enclenché et les choses ont changé en moins de 10 ans: les cultures perdent leur importance, la production baisse avec la diminution des surfaces cultivées, les champs sont moins soignés, les rendements ont diminué. La production agricole évolue vers une culture pauvre, peu étendue et peu rémunératrice. Le tourisme apportant la perspective d’un gain plus rapide et moins fatiguant va tuer l’agriculture à petit feu.
En 1945, l’UNCM s’installe aux Contamines. Cet organisme aura un rôle fondamental dans la démocratisation des vacances et l’accès des jeunes aux vacances à la montagne.
C’est la révolution du ski et pour répondre à la demande, dès 1946, une société d’Equipement se constitue, accompagnée d’une vague d’urbanisation : 3 hôtels construits de 1945 à 1950 et 8 de 1950 à 1955.
En 1950, ce sont 1500 touristes qui fréquentent le village durant l’été, et à cette époque « les Contamines est la station qui monte… » et en 1956, on compte jusqu’à 6025 visiteurs et 91 668 présences.
Mais malheureusement, un tel développement n’a pas pu s’harmoniser avec la vie agricole qui depuis 20 ans, ne cesse de décliner.
Par l’introduction de la double activité, l’agriculture devient de plus en plus une profession et non plus un mode de vie, et malheureusement une profession qui ne nourrit plus son homme.
D’activité secondaire, le tourisme devient le gagne pain de la plus grande partie de la population locale.
Les chiffres de la population active confirme cette (r)évolution :
1929 : 400 travailleurs permanents sur 140 exploitations
1955 : 300 travailleurs permanents sur 120 exploitations.
1962 : 120 travailleurs permanents sur 68 exploitations.
Et en même temps,
1954 : 88 personnes sont employées dans les commerces et les services
1962 : 134 personnes sont employées dans les commerces et les services.